Le journal de bord d’un Junior en Ligier JS P4 #3

Chapitre 3 : « Ma toute première fois au Mans »

Après chaque manche de la Ligier European Series, je partage avec vous mon expérience, mes émotions et les leçons que j’en retire. Cette fois, c’est sur le circuit le plus mythique du monde que j’ai roulé pour la toute première fois : Le Mans.

Avant la course : de l’impatience, du stress, et beaucoup d’envie

En arrivant au Mans, j’étais très impatient de découvrir ce circuit si spécial. J’avais aussi un peu de stress, parce que c’était clairement la course la plus importante de l’année, autant pour mon palmarès personnel que pour la visibilité qu’elle pouvait m’apporter. Le Mans, ce n’est pas un circuit comme les autres. Il est unique, à la fois par son tracé, sa longueur, ses virages emblématiques, et parce qu’il n’est utilisé qu’une fois par an.

J’avais déjà assisté trois fois aux 24 Heures en tant que spectateur (en 2018, 2019 et 2024), et comme beaucoup de passionnés, j’ai suivi d’innombrables éditions à la télévision. Une de celles qui m’a le plus marqué, c’est 2016, avec la panne de Toyota dans le dernier tour. C’est une course qu’on ne rate jamais.

Sur la piste : des sensations fortes et un dénouement renversant

La séance d’essais libres restera longtemps gravée dans ma mémoire. J’ai été tout de suite impressionné par les Hunaudières : 270 km/h avec des bosses partout, une sensation de vitesse incroyable que je n’avais encore jamais ressentie. J’avais du mal à prendre mes repères tant l’émotion était forte, mais au fil des tours, j’ai repris le rythme et gagné en confiance.

J’ai signé le deuxième temps en qualifications. Évidemment, j’aurais aimé faire la pole, mais être en première ligne au Mans, c’est déjà quelque chose d’incroyable. Et c’était stratégiquement important pour éviter les risques au départ.

La course a été intense. J’ai pris la tête rapidement grâce à l’aspiration, et je l’ai gardée une grande partie de l’épreuve. Mais tout s’est compliqué après une relance de Safety Car. À cause d’un problème de boîte de vitesses, j’ai dû couper le premier virage, et même si j’ai ralenti ensuite pour ne pas tirer avantage de la situation, j’ai écopé d’une pénalité de 5 secondes.

Malgré cela, j’ai tout donné pour creuser l’écart. Mais le deuxième est revenu et nous nous sommes battus jusqu’à la fin. Je voulais passer la ligne en tête, et je l’ai fait, après une bataille incroyable avec Iko Segret. Mais à ce moment-là, j’étais classé deuxième. J’étais très déçu, ému, partagé entre la tristesse et la fierté. Le podium du Mans, avec tous mes proches en tribune, ça reste quelque chose de fort.

Et puis après la course, les commissaires ont revu l’action, les données, les caméras. Et la pénalité a été annulée. J’ai été officiellement déclaré vainqueur. J’étais très heureux, bien sûr, mais je garde un goût partagé. Ce n’est pas comme ça que j’imaginais gagner au Mans. J’aurais aimé vivre le podium pleinement. Et je comprends aussi la déception de mes adversaires.

Le moment fort

Le moment que je n’oublierai jamais, c’est la Marseillaise sur le podium. Même si je ne savourais pas encore pleinement la victoire, c’était un instant fort, rempli d’émotions, avec mes proches autour de moi, sur ce podium légendaire.

Ce que j’ai appris

J’ai appris qu’il ne faut jamais rien lâcher. Tout peut changer jusqu’à la dernière seconde. J’ai aussi compris à quel point ce circuit est spécial, avec ses revêtements variés, ses bosses.

C’était un week-end où mes capacités d’adaptation ont fait la différence. Je suis resté concentré jusqu’au bout.

La suite

Il reste encore du chemin pour revenir au championnat. Je suis à 29 points des leaders. Mon objectif est clair : gagner les deux courses à la prochaine manche.

— Romain Boeckler
Champion Junior Ligier JS Cup France 2024
Journal de bord réalisé en collaboration avec Ligier Automotive