Journal de bord #6 – « Cinq victoires, un titre de Rookie, et une énorme envie de revenir plus fort. »

Après chaque manche de la Ligier European Series, je prends un moment pour revenir sur ce que j’ai vécu, appris, et sur comment je me projette. Pour ce dernier chapitre, direction Portimão pour la grande finale d’une saison intense, pleine de hauts… et d’un dernier coup dur.

Avant la course : sous tension

J’arrive à Portimão stressé par l’enjeu, mais aussi plus déterminé que jamais. L’objectif était clair : tout donner en course 1 pour me construire une avance solide, et aborder la deuxième course plus sereinement. J’avais en tête de décrocher le titre de champion d’Europe.

Qualifications et courses : entre maîtrise et coup du sort

Les qualifications ne commencent pas de la meilleure des façons. Lors de la première séance, une petite erreur de pression de pneus nous empêche d’exploiter pleinement le grip. Malgré ça, je signe la pole pour moins d’un dixième. Lors de la deuxième séance, on rectifie les pressions… et ça paie : nouvelle pole avec une avance plus confortable.

Signer la double pole, c’était déjà un gros pas en avant pour le week-end.

En course 1, je fais un départ propre, en évitant les pièges du premier tour, et je creuse un petit écart. Mais Maxwell [Dodds au volant de la Ligier JS P4 #6 d’ANS Motorsport] a un meilleur rythme à ce moment-là et me dépasse. Plutôt que de tout risquer, je décide de gérer mes pneus pour garder un bon rythme en fin de course. Pari réussi : après l’arrêt au stand, je reviens fort sur Iko [Segret au volant de la Ligier JS P4 #6 d’ANS Motorsport], je le dépasse, je m’échappe… et je remporte cette première course. Soulagement immense. Avec cette victoire, j’ai 16 points d’avance. Il me suffisait d’un top 5 dans la deuxième course pour être titré.

Mais la course 2 ne s’est pas passée comme prévu. À quinze minutes de la fin, ma boîte de vitesses lâche. Un capteur a fondu, je me retrouve bloqué en 3e. Je n’ai pas d’autre choix que de rentrer au ralenti et d’abandonner. Le titre s’envole.

Malgré la déception, j’ai tenu à aller féliciter Iko et Maxwell. Ce championnat, ils l’ont mérité : ils ont été rapides, réguliers, et ont su aller au bout des courses. Ce moment dans le paddock était dur, mais important. Ça m’a aidé à tourner la page et à digérer cette fin cruelle.

Le bilan : entre fierté et frustration

Le sentiment est forcément mitigé. Je perds le titre à cause d’un problème mécanique. Et avec lui, la bourse de 150 000 € qui représentait une réelle opportunité pour la suite de ma carrière.

Mais je suis aussi extrêmement fier. Jamais je n’aurais imaginé faire une saison aussi solide pour ma première année en Ligier European Series. Cinq victoires sur cinq circuits différents, de belles performances… et surtout une vraie visibilité dans le paddock. J’ai reçu énormément de messages de soutien après cette finale. Beaucoup de gens m’ont exprimé leur envie de m’aider pour la suite.

Le titre de Rookie of the Year 2025 m’a beaucoup touché. Une vraie reconnaissance de ma saison. Ce n’était pas le titre que je visais au départ, mais ça reste une belle récompense.

Ce que je retiens

Cette saison m’a appris qu’il ne faut jamais rien lâcher, sur la piste comme en dehors. Même si je perds le titre sur une panne, je me suis remis en question sur tout ce qui peut faire la différence sur une saison complète. J’ai compris que je dois encore progresser dans tous les domaines pour atteindre mes objectifs et réaliser mes rêves.

Le moment fort ? Sans hésiter, ma victoire sur le circuit des 24 Heures du Mans. C’était un rêve pour moi, un objectif de la saison… et je l’ai accompli.

La page se tourne, mais je repars plus motivé que jamais.

— Romain Boeckler
Vice-Champion Ligier European Series 2025, Rookie of the Year 2025,
Champion Junior Ligier JS Cup France 2024
Journal de bord réalisé en collaboration avec Ligier Automotive